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Le sens des mots

 

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Un homme vivait en un pays fort isolé ou jamais personne ne passait.<o:p></o:p>

Il ne savait pas comment il était venu en cet endroit merveilleux où il ne manquait jamais de quoi que ce soit d'utile à sa subsistance ou à son bien être.<o:p></o:p>

Vivant seul, il n'avait jamais éprouvé le besoin de communiquer avec quiconque et n'avait donc pas développé un langage parlé autre que certains sons, ressemblants apparentés àdes grogenements, qui sortaient de temps à autre de sa bouche et que l'on pourrait qualifier de grognements.<o:p></o:p>

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Pour seuls compagnons, il n'avait que quelques rares animaux dans un perroquet qui un jour avait abouti en ce pays et, allez savoir pourquoi, répétait inlassablement :

 

« je te déteste! » 

 

Sans doute, le perroquet avait du entendre un habitant d'un lointain pays (où il avait séjourné précedemment), utiliser cette expression de nombreuses fois et avec beaucoup de conviction face à autrui. 

 

L'homme entendait à longueur de journée cette "litanie" que le perroquet, tout en volant ou en sautillant joyeusement, sans cesse répétait, répétait, répétait...!<o:p></o:p>

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Ayant éprouvé, à un moment de sa vie, le besoin de "remercier" pour ce qu'il était et pour ce que la vie lui apportait, comme le perroquet, il se mit à dire, avec ferveur mais sans trop savoir à qui il s'adressait ainsi: 

 

« je te déteste, je te déteste, je te déteste". 

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À chaque fois que le besoin de prier le prenait l'homme levait les yeux vers le ciel et, un sourire béat ornant son visage, répétait "je te déteste, je te déteste, je te déteste!".<o:p></o:p>

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Il était tellement reconnaissant pour ce que la vie lui apportait de " bienfaits " que pendant qu'il répétait inlassablement " je te déteste " à l'endroit du Ciel,  les larmes mouillaient abondamment ses joues et la longue barbe qu'il n'avait jamais rasée.  <o:p></o:p>

Le Perroquet, joyeusement, faisait écho à son " Je te déteste! " et le ce ciel, qu'ils remerciaient ainsi tous les deux avec tant de ferveur, ne se lassait de les entendre et de les combler de ses bienfaits en retour.  <o:p></o:p>

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La vie a coulée ainsi doucement, paisiblement et harmonieusement des années durant.<o:p></o:p>

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Oh ! Il ne souciait même pas, ce faisant, de Paradis ou d'Enfer, non! Ils n'avait pas la moindre idée de l'existence de l'un ou de l'autre d'ailleurs! Simplement, religieusement (pour ainsi dire), naturellement, sincèrement, sans attentes aucunes, inlassablement, il priait: « Je te déteste! ».<o:p></o:p>

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Un jour, un pieux voyageur découvrit le pays et fut tout surpris de trouver un vieil homme, accompagné d’un perroquet, assis au pied d'une grotte, les yeux levés vers le ciel et répétant, fort gauchement, une phrase issue de « sa langue »:

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« Je te déteste! »

 

Il ne comprenait pas qui (ni pourquoi) ces deux créatures pouvaient détester aussi "fortement et assidûment".<o:p></o:p>

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Il fini par "déduire" qu'en fait, ces deux là, oh!grand malheur!, " croyaient prier Dieu! ".<o:p></o:p>

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Il était offusqué, révolté, et peiné tout à la fois de les voir s'adresser aussi " irrespectueusement" à l'Éternel !  <o:p></o:p>

Il était convaincu qu'ils avaient offensés le Seigneur par ce détestable et blasphématoire " je te déteste " que depuis des années ils n'avaient jamais, ni l'homme ni le perroquet, cessés de répéter! <o:p></o:p>

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Nul doute, ils seraient éternellement voués aux flammes de l'enfer! <o:p></o:p>

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« Oh oui! Nul doute dans son esprit!  Ces deux là ce sont rendus coupables d'une grave offense, voire d'un péché mortel, à l'endroit du Dieu Créateur qui, pourtant, les a couvert de ses bienfaits sans discontinuer! ».  <o:p></o:p>

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Il se confia, dés lors, "la mission Divine", croyait-il, de leur apprendre les mots justes! Ceux qui les aideraient vraiment à prier.

 

« On raconte que le pays, depuis lors, connu les pires orages et tragédies »

 

La sérénité que le fervent et continuel " je te déteste " avait apporté ne résonnant plus sous la voûte infini du Ciel qui, ainsi, s'en désolait et le manifestait à sa façon.<o:p></o:p>

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Son serviteur, reconnaissant (par l'éducation reçue de ce bien pensant de passage en son pays), disait désormais " les mots justes " mais..., il n y avait plus la pureté immaculé de l'intention. <o:p></o:p>

 

Désormais il ne « Priait » plus..., il « répétait des mots appris »;  des mots porteurs de "signification" auxquels il n'arrivait plus à attacher d'émotion!  En eux mêmes, les mots utilisés semblaient ainsi, futiles et vides de sens. 

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Longtemps le Ciel garda le doux souvenir de cet homme "ignare" qui, inlassablement, répétait des "je te déteste"  dont il  ne comprenait pas le sens mais..., qui portait en eux : " pureté d'intention et noblesse d’émotion ".

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